Une semaine après la présentation de ses états financiers, avec un trou budgétaire de 78 millions, la Société de transport de Montréal (STM) lance un nouveau cri du cœur aux gouvernements supérieurs, craignant de devoir « fatalement » couper davantage si des sommes d’argent supplémentaires ne sont pas débloquées.

« Il faut vraiment travailler sur le financement de l’opération du transport collectif. C’est un fardeau qu’on partage tous. Il devra y avoir des solutions. Le système actuel n’est pas viable à court, à moyen et à long terme », a martelé lundi le président du conseil d’administration de la société, Éric Alan Caldwell, devant la Commission des finances à l’hôtel de ville de Montréal.

Celui qui est aussi conseiller municipal affirme qu’il en va d’une question de rétention des usagers. « Il faut plus d’argent. Il faut que les gouvernements supérieurs soient au rendez-vous. Sans ça, fatalement, on ne pourra plus se payer cette offre de service », a évoqué M. Caldwell.

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Éric Alan Caldwell

Dans un monde « idéal » selon lui, le financement gouvernemental se ferait « en rafales », de Québec vers l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), puis de celle-ci vers la STM. « Il y a une séquence à revoir », a d’ailleurs insisté l’élu, qui appelle à un changement de mentalités.

Il faut encore se battre pour aller chercher l’ensemble de nos financements, parce qu’il y a toujours cette perception-là que c’est un service complémentaire. […] Si on se compare à la mobilité classique, personne ne se dit qu’il faut laisser nos trottoirs et nos routes tomber en ruines.

Éric Alan Caldwell, président de la STM

Vaste trou à combler

À la fin du mois de novembre, la STM avait reconnu que la hausse marquée du manque à gagner, qui est de 77,8 millions précisément, engendrera des baisses de service cette année. Certaines lignes d’autobus à haute fréquence et des dessertes du centre-ville pourraient notamment voir leur fréquence diminuer. Dans le métro, le service le plus rapide en heure de pointe sera réduit d’une trentaine de minutes sur la ligne orange, pendant que sur la ligne verte, le passage entre chaque train sera allongé d’une quinzaine de secondes en pointe.

La directrice générale Marie-Claude Léonard affirme d’ailleurs sans détour que « la STM va devoir évoluer » pour faire face à ses deux rôles : ceux d’exploitant et de fournisseur de projets. « On devra peut-être prendre des décisions courageuses quand ça sera nécessaire », a-t-elle glissé.

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Marie-Claude Léonard

Pour la suite, la DG s’attend à ce que de 75 à 80 % de l’achalandage pré-pandémique soit de retour au courant de 2023, dans le métro et les autobus montréalais. Actuellement, ce chiffre est d’environ 69 % la semaine, mais remonte à 79 % durant le week-end.

Bientôt, « il faudra arrêter de parler d’achalandage pré-pandémique, mais de nouvel achalandage », a évoqué lundi Mme Léonard. « Revenir au 100 %, ça ne veut pas dire les mêmes clients dans les mêmes plages horaires », a-t-elle raisonné, en évoquant de possibles « bonifications à faire en dehors des pointes ».

La ligne bleue avance

D’un ton beaucoup plus optimiste, la STM a par ailleurs confirmé – tel que l’avait révélé La Presse la semaine dernière – le lancement d’un appel d’offres pour la construction du futur tunnel de 6,4 km qui reliera Saint-Michel à Anjou. L’entreprise retenue pour effectuer les travaux « sera connue au deuxième semestre de 2023 ».

Outre l’excavation du tunnel, le fournisseur sera aussi responsable de creuser les stations Pie-IX, Viau et Lacordaire pour préparer les travaux, tout comme « certaines structures auxiliaires ».

Dans un communiqué, la société de transport a fait valoir que « le tunnelier, par son alimentation électrique, est écologique et silencieux, si bien que les citoyens ne seront possiblement même pas conscients de son passage sous leur domicile ».

Au cours des prochains mois, « d’autres appels d’offres suivront en vue de l’octroi des différents contrats qui permettront, à terme, la concrétisation du projet », a également expliqué la STM, qui planche toujours sur une mise en service du prolongement de la ligne bleue pour 2029, avec un budget d’environ 6,4 milliards.